" il faut souffrir pour guérir"

    Après un mois dans le service de rééducation de l'hôpital de Bobo, nous ne pouvions passer à côté d'une notion bien encrée dans la mentalité de la plupart des burkinabé: "il faut souffrir pour guérir".

    Ceci a été très perturbant pour nous qui avons reçu une formation où la douleur est parfois au centre du bilan et de la rééducation du patient. Ici, elle n'est pratiquement pas prise en compte et quand bien même nous essayions de demander aux patients s'ils avaient mal et où, ils n'osaient pas toujours répondre.

    Nous avons été confronté à diverses situations. Par exemple, si lors de la séance, nous constations par diverses observations que le patient avait mal et que nous essayions de rester infra-douloureux, celui-ci ou la famille nous incitait à aller " plus fort pour être plus efficace". Ainsi, les patients se plaignent rarement de peur de gêner le traitement, et si cela arrive, la famille est là pour pousser le thérapeute à aller plus loin dans la douleur.

   Avec des séances aussi algiques, un mot nous est de suite venu à l'esprit: algoneurodystrophie. Si en Europe, cette complication est la hantise du kiné, en Afrique, on en entend très peu parler. Les personnes noires y seraient à ce qu'il parait beaucoup moins sujètes.

   Dans beaucoup d'ethnies, un homme ne doit pas pleurer et doit supporter la douleur. Ils y sont habitués dès la naissance où pour marquer leur appartenance à l'ethnie, on leur scarifie le corps et le visage.

   Au final, la douleur est peut-être ce qui nous a paru le plus difficile à gérer, marquant la différence culturelle. Mais nous sommes maintenant avertis et ce fut une expérience très enrichissante. Les résultats n'étant pas meilleure avec la méthode occidentale ou africaine, nous pouvons nous demander s'il faut tenir compte de la douleur en rééducation et jusqu'à quel point.